I grew up in a region of England shaped by it’s relationship with the sea, by the holidaying summer hoards and by the fishermen and ferries that ploughed foamy furrows in the harbour as they set off on voyages lasting weeks, sometimes months. As children and as teenagers, the sea exerted a magnetic draw upon us. For family walks, for late-night parties, for the first fumblings of a nascent sexuality, for make-ups, for break-ups, for moments of reflective, often indulgent, solitude—visits to this border between safe, quotidian existence, and the dangerous, the louring, the black, lent a glamour and a depth to life’s onward trudge. Aged fourteen, I went to the sea for my first kiss. Aged nineteen, I went to the sea after my parents broke the news of their divorce.
Much later, to write about the sea became a need. I wrote The Deep in the autumn of 2008, after three years in Paris. I suspect I was drawn back to the sea in reaction against the claustrophobia of life in this landlocked, horizon-less metropolis. Though never to that stagnant, tepid pond, the Mediterranean—where my fellow citizens escape every August—but to real seas, oceans larger than continents, with mountainous waves dwarfed by the briny depths upon whose surfaces they play.
I have always approached my subjects as an autodidact, tracing patterns to which the more refined, more formed spirit is blind. Wide, unstructured reading leads to serendipitous interbreeding, and produces heretofore unseen chimeras, genetic anomalies of image and metaphor, that usually implode in a mess of blood, guts and words as soon as they are born, but which occasionally limp on to lead queer little lives of their own. Were it better raised, The Deep would tip its seaweed-strung hat to a whole panel of influences: word-botherers, Herman Melville, J.G. Ballard, Jorge Luis Borges, Jack London, Ernest Hemingway, James Frazer and Bob Dylan; mind-botherers Plato, Thomas More, Sigmund Freud and Karl Jung; the seascapes of Emil Nolde; David Attenborough and the BBC. But that would probably be asking too much of this insolent box of tricks.
La région d’Angleterre où j’ai grandi ne peut se comprendre que par sa relation avec la mer, par ses hordes de vacanciers estivaux, ses pêcheurs et ses navires qui laissaient des sillons écumeux dans le port lorsqu’ils quittaient la terre ferme pour des semaines, voire des mois. Enfant et adolescent, la mer m’attirait comme un aimant. Pour les marches en famille, les fêtes tard dans la nuit, les premiers tâtonnements d’une sexualité bourgeonnante, les réconciliations, les ruptures, pour les moments de solitude méditative et souvent complaisante – les visites près de cette frontière séparant la sécurité de la vie quotidienne du danger, du tumulte et de l’obscurité donnait de l’allure et de la profondeur à l’existence. À quatorze ans, je suis allé au bord de la mer pour mon premier baiser. À dix-neuf ans, je suis allé au bord de la mer après que mes parents m’ont annoncé leur divorce.
Bien plus tard, écrire sur la mer est devenu un besoin. J’ai écrit Les Abysses en automne 2008, lors de ma troisième année à Paris. Je soupçonne cette attirance pour la mer d’être une réaction à la claustrophobie de la vie dans la capitale, sans vue sur la mer ni ligne d’horizon. Je n’ai jamais été attiré par la mare tiède et stagnante de la Méditerranée – lieu de villégiature annuel de mes compatriotes –, mais par les vraies mers, des océans plus grands que les continents, où les vagues hautes comme des montagnes paraissent minuscules comparées aux profondeurs salines qui grondent en dessous.
J’ai toujours traité mes sujets en autodidacte, tissant des liens qui échapperaient peut-être à des esprits plus sophistiqués et méthodiques. Les lectures vastes et non structurées provoquent des accidents heureux, et ont produit jusqu’ici des chimères inédites, des images et des métaphores génétiquement douteuses qui la plupart du temps implosent grossièrement dès la naissance, mais qui parfois survivent, et continuent clopin-clopant leur propre existence singulière. Si ces Abysses étaient bien élevées, elles tireraient leur chapeau englué d’algues à tout un éventail d’influences : les perturbateurs de la langue – Herman Melville, J.G. Ballard, Jorge Luis Borges, Jack London, Ernest Hemingway, James Frazer et Bob Dylan ; les perturbateurs de la pensée – Platon, Thomas More, Sigmund Freud et Karl Jung ; les marines d’Emil Nolde ; David Attenborough et la BBC. Mais ce serait probablement trop exiger de ces pages quelque peu turbulentes.
A French-English bilingual edition with drawings by Manon Rousseau, printed at AJM, Brussels. A free sample PDF is visible here. A review of the book was published in Better than Sliced Bread in October 2012.
Une édition bilingue anglais-français, avec des dessins de Manon Rousseau, imprimée chez AJM, Bruxelles. Un extrait en PDF est consultable ici. Le livre a fait l'objet d'un billet dans Better than Sliced Bread, en octobre 2012.